L'obésité : Un enjeu de santé publique

Le Professeur David Nocca est responsable de l’équipe de chirurgie bariatrique et métabolique du CHU de Montpellier et co-fondateur de la Ligue contre l’obésité. Il est très engagé dans l’information du patient en situation de surpoids et d’obésité et dans sa prise en charge pluridisciplinaire.

Metavers Surpoids et Obésité - Un enjeu de santé publique

L’obésité : Une maladie avec des conséquences graves

Depuis 1995 l'obésité est définie par l'Organisation Mondiale de la Santé comme une maladie chronique. Cette maladie diminue l’espérance de vie en moyenne de 7 ans car elle favorise le développement d'autres pathologies :

  • Cancers : Il y a un lien majeur entre l'obésité et les cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein.
  • Pathologies cardio-vasculaires : Hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde, etc.
  • Des problèmes digestifs : Reflux gastro-œsophagien, calculs de la vésicule biliaire, etc.
  • Stéotose hépatique : L'accumulation de gras dans le foie va donner une cirrhose qui peut entraîner un cancer du foie et peut amener le patient à une transplantation.
  • Dyslipidemie : Des taux de cholestérol ou de triglycérides élevés augmentent les problèmes cardio-vasculaires.
  • Des problèmes de stérilité : Un patient en état d'obésité très avancée va avoir moins de chances d'avoir un enfant en bonne santé.
  • Litihiase biliaire : l'obésité est un facteur de risque de développer des calculs bilaires.
  • Insuffisance cardiaque : Plus on est obèse, plus on a de mal à respirer et plus on a le syndrome d'apnée du sommeil (SAS). Les patients font des pauses respiratoires pendant le sommeil avec des répercussions cardio-vasculaires et pulmonaires importantes. Les gens sont fatigués au réveil avec des maux de tête.
  • Dépression : Certains médicaments anti-dépresseurs auto-entretiennent l'obésité parce qu'ils donnent l'envie de manger.
  • Développement d’un diabète de type II avec les conséquences neurologiques, rénales, ophtalmiques et une prise en charge médicale lourde.
  • Covid, grippe : L’obésité est un facteur de risque et de mortalité sur ces infections graves.
  • Arthrose : Les patients sont obligés dès l'âge de 50 - 60 ans d'avoir des prothèses de hanche ou de genoux.

L’obésité : Une épidémie mondiale

L'obésité est souvent qualifiée d'épidémie en raison de sa prévalence à des taux élevés dans de nombreux pays. De plus en plus de personnes, y compris des enfants, sont en surpoids ou obèses. Cette augmentation constante du nombre de personnes touchées est similaire à la propagation rapide d'une épidémie.

Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui s’est appuyé sur les chiffres collectés en France en 2020 :

  • 47% des adultes sont en situation de surpoids ou d'obésité.
  • 17% sont en situation d'obésité modérée ou sévère avec un IMC > 30.
  • 2% sont en situation d'obésité morbide avec un IMC > > 30.

Le nombre de personnes en surpoids est stable autour de 30 % alors que le nombre de personne en situation d’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide. Elles représentaient 8,5 % de la population en 1997, 15 % en 2012 et 17 % en 2020. L’augmentation est encore plus marquée chez les jeunes : l’obésité chez les 18-24 ans a été multipliée par plus de 4 et par près de 3 chez les 25 – 34 ans.

Les hommes sont plus souvent en surpoids que les femmes (36,9 % contre 23,9 %), mais c’est l’inverse pour l’obésité. On dénombre 17,4 % d’obèses chez les femmes contre 16,7 % chez les hommes.

Obésité : La pluridisciplinarité est la clé de la réussite

De nombreux spécialistes interviennent dans le traitement de l’obésité car c’est une maladie multifactorielle et un grand nombre de paramètres doivent être pris en compte pour élaborer un traitement qui permette au patient de perdre du poids er surtout de ne pas le reprendre au bout de quelques années.

  • Le médecin généraliste : Il oriente le patient vers les bons spécialistes car c’est le praticien qui le connaît le mieux.
  • Mesures hygiéno-diététiques : Endocrinologue, nutritionniste, diététicienne.
  • Modification du comportement : Psychologue, psychiatre, addictologue, sexologue.
  • Activité physique : Kinésithérapeute, éducateur sportif, rhumatologue.
  • Chirurgie de l’obésité : chirurgien, anesthésiste – Réanimateur, Hépato-Gastro-Entérologue, cardiologue, pneumologue.
  • Assistante sociale : Elle s’occupe des problèmes socio-économiques liés à l’obésité.

Quand faut-il consulter ?

Il y a plusieurs signes qui doivent vous alerter si vous êtes en situation d’obésité :

  • Des douleurs articulaires causées par le surpoids : Une perte de poids va diminuer énormément ces douleurs. On avait des patients qui étaient en fauteuil roulant, qui ont perdu 50 kilos et qui ont pu remarcher derrière avec une rééducation.
  • Un essoufflement quand vous montez les escaliers.
  • L'apnée du sommeil : Si votre mari / femme vous dit que pendant la nuit vous faites des pauses et que le matin vous vous réveillez fatigué avec des maux de tête.
  • Un problème d'image :  On a 49% d'hommes et 51% de femmes qui sont obèses. C'est pratiquement équivalent. Mais il y a 80% de femmes qui se font opérer versus 20% d'hommes car l'esthétique est plus importante pour les femmes.

Les techniques de chirurgie bariatrique

La chirurgie bariatrique (ou chirurgie de l'obésité) est une chirurgie curative, fonctionnelle et préventive. Pour certaines personnes, il y a aussi un effet esthétique attendu même s'il faudra faire de la chirurgie réparatrice pour traiter les excès cutanés.

Elle a été validée par la Haute Autorité de Santé pour les personnes avec un IMC > 35 qui présentent des maladies graves liées à l'obésité. En 2018, il y a eu 49.000 opérations de chirurgie bariatrique en France.

Sleeve gastrectomy (35 000 opérations)

Il s’agit d’une technique d’ablation des 2/3 de l'estomac qui se fait sous célioscopie. On gonfle l'abdomen avec du CO2 puis on dissèque l'estomac avec des petites pinces pour en diminuer la capacité.

Gastric bypass (14 000 opérations)

Il s’agit d’une technique de dérivation entre la partie supérieure de l'estomac et l'intestin pour permettre de faire passer les aliments directement dans l'intestin. Le fait de faire arriver les aliments très rapidement dans l'intestin va déclencher des stimulations d'hormones qui vont faciliter la digestion voire la gestion du sucre par une stimulation du pancréas et la sécrétion de l'insuline.

Anneau gastrique ajustable (1 000 opérations)

Il s’agit d’une technique qui consiste à mettre un anneau dans la partie supérieure de l'estomac pour diminuer la vitesse d'arrivée des aliments dans l'estomac.

Les contre-indications à la chirurgie bariatrique sont :

  • Des pathologies psychiatriques qui ne sont pas stabilisées comme les dépressions majeures parce qu'on a un risque de suicide, des schizophrénies, la boulimie où les personnes mangent et se font vomir après.
  • Des pathologies hormonales qui font qu’on doit traiter le problème d’obésité médicalement plutôt que chirurgicalement.
  • Un patient qui ne vient pas au suivi post-opératoire pluridisciplinaire qui est obligatoire.

La chirurgie bariatrique a-t-elle un impact sur la durée de la vie ?

L'étude SOS (Swedish Obese Subjects) est l'étude de référence qui a permis de prouver la pertinence de l’option chirurgicale chez les patients obèses morbides.

Diminution du taux de mortalité

  • Patients qui ont fait de la chirurgie bariatrique : Sur 2010 patients, 101 sont décédés dans les 10 ans (dont 13 infarctus du myocarde, 29 cancers).
  • Patients qui ont fait un traitement médical : Sur 2037 patients, 129 sont décédés dans les 10 ans (dont 25 infarctus du myocarde, 47 cancers).

Réduction ou disparition des comorbidités

  • Les pathologies comme le diabète, l'hypertension, l'apnée du sommeil ou le cholestérol sont en rémission au-delà de 60% très rapidement après l'opération.
  • Un patient qui souffre d'apnée du sommeil pourra dans 80% des cas se passer de la machine pour bien respirer la nuit un an après la chirurgie bariatrique.

Obésité : Les autres options thérapeutiques

D’autre techniques peuvent être utilisées chez les patients qui présentent des obésités modérées. Elles sont peu invasives avec moins de risques opératoires que la chirurgie bariatrique.

Le Bariclip

Un clip de silicone est positionné sur l'estomac. Cela reproduit les effets de la sleeve gastrectomy sauf que là on n'enlève pas l'estomac, on a juste une compression de la paroi qui diminue le volume de l'estomac.

Le ballon gastrique

Avant le ballon gastrique se plaçait par voie endoscopique et maintenant il se pose en avalant une gélule qui va se gonfler dans l'estomac avec un contrôle radiologique. Cela évite une anesthésie et cela peut permettre au patient d'avoir une satiété plus précoce puisque le ballon va utiliser un volume de l'estomac qui ne pourra pas être pris par les aliments.

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