L’obésité une injustice mais pas une fatalité

La journaliste médicale Hélia Hakimi Prévot rédige régulièrement des articles dans le Quotidien du Médecin. Elle a récemment publié un livre intitulé « La vérité sur l'obésité, comprendre et soigner cette nouvelle épidémie » aux Editions Robert Laffont. Découvrez son interview.

Metavers Surpoids et Obésité - Ce n'est pas une fatalité

Quelles sont les principales idées reçues sur l'obésité ?

On pense généralement que les personnes en situation de surpoids et d'obésité sont des personnes paresseuses qui mangent de façon très calorique et manquent de volonté. En réalité, l'obésité est une maladie chronique liée à des facteurs génétiques.

Plus on a de gênes de susceptibilité liés à cette maladie, plus on risque de développer une obésité sévère ou massive. Les « gênes de l’obésité » s’expriment dans un environnement permissif qui fait que la maladie émerge.

  • Des dépenses énergétiques inférieures aux apports caloriques pendant une longue durée.
  • Une sédentarité prolongée : Rester assis la plupart du temps et peu bouger.
  • Un stress chronique : la sécrétion de cortisol, de noradrénaline et d’adrénaline favorisent la prise de poids.
  • Un traumatisme durant l'enfance ou l’adolescence.
  • Le manque de sommeil.
  • Le tabagisme.

L'obésité est une injustice mais ce n'est pas une fatalité car l’activité de nos gènes peut être modifiée en changeant notre environnement, c’est ce qu’on appelle l’épigénétique.

5 conseils pour les personnes en situation d'obésité

1. Bannissez les régimes restrictifs en calories

Quand on prend du poids, la masse grasse réagit de deux façons différentes :

  • Soit les cellules graisseuses grossissent et deviennent hypertrophiques.
  • Soit le nombre de cellules graisseuses augmente de façon exponentielle.

Les patients en situation d'obésité ont des cellules graisseuses inflammatoires qui ne peuvent plus emmagasiner les lipides ingérés via l'alimentation et les ressortir en cas de besoin. Le corps devient résistant à la perte de poids. Plus vous faites de régimes restrictifs, plus vos cellules graisseuses deviennent malades !

2. Ne restez pas seul

La plupart des patients en situation d'obésité ne savent pas vers quel professionnel de santé se tourner. Il faut éviter le bouche-à-oreille sur des régimes auprès des amis ou de la famille et ne pas se renseigner uniquement sur internet.

Vous devez consulter un professionnel de santé. Votre médecin généraliste est la personne qui va vous réintégrer dans le parcours de soin. Il vous aiguillera ensuite vers un spécialiste qu'il soit en libéral, à l'hôpital ou en clinique privée (médecins nutritionnistes, endocrinologues, gastro-entérologues, chirurgiens bariatriques, etc.).

3. Ne culpabilisez pas

L’obésité n'est pas uniquement un problème de kilos en trop et il faut parfois commencer par traiter autre chose que le poids.

Par exemple :

  • Un problème psychique, une dépression ou un trouble anxieux.
  • Un traumatisme : 30% à 40% des personnes obèses ont été victimes d'agressions sexuelles dans l'enfance ou dans l'adolescence.
  • Un stress chronique qui s’est installé de façon insidieuse durant de longues années.
  • Une prise médicamenteuse : Les médicaments anti-diabétiques, les médicaments de la sphère psychiatrique, les corticoïdes font prendre du poids.

4. Faites attention aux méthodes miracles

Vous ne retrouverez pas votre taille de guêpe de vos 20 ans, vous n’allez pas ressembler à un mannequin très mince comme dans les magazines. Vous allez perdre du poids mais parfois en passant d’une obésité sévère à une obésité modérée.

Des études scientifiques ont montré qu’une perte de poids de 10% à 12%, même en restant en situation d’obésité améliorer l’espérance de vie et la qualité de vie des patients.

5. Gardez espoir

Aujourd'hui les traitements de l’obésité ont fait beaucoup de progrès. La chirurgie bariatrique est mieux réglementée et plus sûre. Il y a aussi d'autres solutions thérapeutiques qui ont fait leurs preuves : Des médicaments comme les GLP-1 qui induisent la satiété, les bonnes règles hygiéno-diététiques, le ballon gastrique, etc.

L’avenir, c’est le traitement de l’obésité personnalisé en fonction de la trajectoire de vie de chaque patient. Le médecin avant de proposer une quelconque thérapeutique doit prendre en compte son âge, son histoire de vie, chaque facteur qui l'ont mené à l'obésité, les comorbidités et les maladies associées, etc.

Que dire à une personne de votre entourage qui est obèse ?

Il faut adopter un regard bienveillant. Il ne faut pas lui dire : « Tu es gros, tu vas aller voir un médecin qui va t’aider à perdre du poids » mais il faut lui dire : « Tu as une maladie qui aujourd'hui se soigne de mieux en mieux. Si tu t'entoures des bons professionnels de santé, tu pourras te sentir mieux dans ta tête et dans ton corps ».

Y a-t-il des prises en charge de l'obésité adaptées à chaque âge de la vie ?

Le médecin doit prendre en compte l'âge du patient dans le traitement de l’obésité.

Chez l'enfant

La priorité chez l’enfant c’est de faire en sorte qu'il ne grossisse pas en lui proposant un rééquilibrage alimentaire et en le remettant en activité physique. Surtout ne pas lui prescrire des médicaments (d'ailleurs c'est interdit) et ne pas le mettre au régime. Un enfant est en pleine croissance, donc il a encore le temps et le droit de s'affiner.

Aujourd'hui on voit malheureusement de plus en plus d'enfants obèses.

  • C'est lié à des facteurs génétiques : Lorsque l’enfant a un parent en situation d'obésité, il a 30% de risque à l'âge adulte de devenir obèse. Lorsqu'il a deux parents il a entre 60% et 70% de risque de devenir obèse à l'âge adulte.
  • C’est lié à facteurs environnementaux : L’augmentation du temps passé devant les écrans, moins d'activité physique, une alimentation à base de produits ultra-transformés.

Chez l'adolescent

Chez l’adolescent qui a terminé sa croissance, on peut lui proposer une prise en charge similaire à celle de l'adulte : un rééquilibrage alimentaire associé à un objectif de perte de poids.

Chez le senior

Chez le senior, l’objectif premier c'est d'éviter la dénutrition et la fonte musculaire. On va essayer de maintenir son poids et de faire en sorte de rééquilibrer son alimentation pour qu'il mange plus de protéines afin de développer sa masse musculaire plus que sa masse maigre.

Les objectifs en termes de traitement thérapeutique sont différents à chaque âge de la vie mais la chirurgie peut être indiquée chez l'adulte et parfois chez l’adolescent ou le senior. D'autres thérapies comme le ballon gastrique ou les médicaments peuvent être indiquée chez l'adulte à partir du surpoids et pas uniquement quand on est obèse.

Quelles sont les thérapies complémentaires de l'obésité ?

Il n'y a aucunes contre-indications aux thérapies complémentaires mais il n’existe pas encore d'études assez solides pour les recommander à des patients qui souffriraient d'obésité. Elles ne sont d’ailleurs pas recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS).

L'hypnose

L'hypnose peut marcher dans les cas de compulsions alimentaires ou de troubles du comportement alimentaire.

La sophrologie / la méditation de pleine conscience

Quand on mange en pleine conscience, c'est-à-dire quand l'acte alimentaire est exclusif, on fait très attention à ses signaux de faim et de satiété. C'est comme ça qu'on peut se dire : « Je vais m'arrêter de manger parce que je n'ai plus faim ».

La médecine thermale

C’est une parenthèse de trois semaines dans notre vie qui nous font beaucoup de bien :

  • Des professionnels nous apprennent à réorganiser notre assiette, à manger en pleine conscience et nous remettent en activité physique.
  • Les soins thermaux nous aident à nous recentrer sur notre corps et sur notre psychisme. Certaines eaux thermales combinées avec des massages ont des propriétés anti-inflammatoires et diurétiques très intéressantes pour désengorger le corps.

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